Lettre d’information de novembre 2013
Article mis en ligne le 26 novembre 2013
dernière modification le 28 novembre 2013

Actualités de Veille au grain

Un nouveau départ

Cette lettre est pour moi l’occasion de vous dire au revoir. En effet je quitte Veille au grain, et la Bourgogne, pour de nouvelles aventures à la fin de ce mois. Je tiens donc à vous remercier pour ces deux années passées ensemble et je vous souhaite une belle continuation !
La personne qui me remplace était en stage avec nous l’an dernier : Anastasia FREMIOT.

Cultivons la vie sans pesticides !

Une brochure d’information sur les pesticides a été réalisée par Adeline DEILLER dans le cadre de son service civique. Elle est maintenant disponible ! Vous pouvez venir vous en procurer à notre bureau (n°316) à la Maison des Associations à Dijon, ou nous en demander par mail. Nous vous invitons à la faire circuler notamment via votre médecin, en lui proposant d’en laisser dans sa salle d’attente et en lui demandant s’il accepte de nous soutenir en signant un formulaire téléchargeable ici.
Ceci est bien sûr relié à l’Appel des médecins du Limousin qui prend une ampleur nationale et que nous vous incitons à relayer également : alerte-medecins-pesticides.fr

Stop aux Perturbateurs Endocriniens !

Veille au grain est co-signataire d’un manifeste contre les perturbateurs endocriniens, avec entre autres le RES (Réseau Environnement Santé) et Générations Futures : Ensemble contre les Perturbateurs Endocriniens. Si vous adhérez à cette cause vous pouvez :
- lire notre réponse à la consultation publique qui a eu lieu en septembre
- signer et faire circuler la pétition http://www.change.org/StopPE
- participer à la campagne « Perturbateurs endocriniens : Environnement perturbé, santé menacée ! » agirpourlenvironnement.org et generations-futures.fr

Les perturbateurs endocriniens sont une des causes les plus importantes parce qu’ils sont partout, à commencer par l’alimentation. Et nous ne pouvons malheureusement pas compter sur nos fameux « experts » européens pour nous protéger des risques dans ce domaine : selon une ONG qui a récemment enquêté sur l’EFSA (sigle anglais pour désigner l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire), 59 % des experts sont en situation de conflits d’intérêts… Le lobbying est présent à de nombreux niveaux en Europe, notamment à la Direction Générale de l’Environnement : l’industrie a réussi à faire repousser de 6 mois la prise de définition (eh oui, les mots ont un sens !) de ce que sont justement les perturbateurs endocriniens. Cette définition est à fort enjeux car elle « aura des conséquences économiques d’importance dans les domaines de la chimie, des pesticides, des biocides, mais aussi des cosmétiques ou de l’eau. » Comme le dénoncetrès bien le RES : « il semble que tous les coups soient permis pour tenter de déstabiliser les fondements mêmes de l’action européenne contre ces substances chimiques dangereuses pourtant qualifiées de « menace mondiale » par les plus hautes instances internationales. »

« Au fil du dernier et passionnant livre d’André Cicolella, Toxique planète,
on croise quelques chiffres ahurissants.
Tous font pièce à cette épidémiologie de comptoir selon laquelle
"tout va bien, car l’espérance de vie continue d’augmenter".
Rappelons d’ailleurs ici que la notion d’espérance de vie
repose sur un postulat dénué de tout fondement,
selon lequel la santé à venir des nouveau-nés sera nécessairement identique
à celle qu’ont connue les vieillards d’aujourd’hui au cours de leur vie. »

Stéphane FOUCART, Le Monde

OGM

Nous avons plus besoin des abeilles que des OGM !

Cette pétition est toujours d’actualité, merci de continuer à la faire circuler !

Côte d’Or

Il est des « solutions locales » qui participent à réduire le « désordre global » et d’autres qui ne le sont pas du tout, c’est-à-dire pas adaptées au territoire, juste sorties du chapeau de scientifiques hors-sol dans un laboratoire. La nouvelle variété de colza, le colza Clearfield, plante mutante résistante à un herbicide, en est une. Denis PERREAU, porte-parole de la Confédération Paysanne de Côte-d’Or, estime que : « on contourne là un problème agronomique par une solution chimique » . Le risque de ce genre de plantes résistantes à un herbicide est qu’elles entraînent plus ou moins rapidement une résistance aux mauvaises herbes, la nature trouvant elle aussi le moyen de contourner les problèmes... Même la FDSEA reconnaît ce risque.
Cette plante mutée, que la Confédération Paysanne dénonce comme étant un « OGM caché », la coopérative Dijon Céréales en a vendu à des agriculteurs de Côte d’Or. Nous en aurons peut-être l’an prochain dans nos champs…
La Bourgogne est une Région « sans OGM » mais elle ne sera bientôt plus « sans plantes mutées ».

France

Dans notre beau pays les animaux d’élevage sont plus que jamais « gavés de soja OGM importé » mais heureusement quelques voies alternatives s’ouvrent, telles des solutions locales : Ségolène ROYAL, Présidente de la Région Poitou-Charentes, a inauguré la première filière de soja non-OGM. Espérons que d’autres suivront. Probablement, si notre Ministre de l’Agriculture Stéphane LE FOLL a le courage politique d’appliquer ce qu’il dit : il a en effet cosigné une contribution avec le Ministre de l’Ecologie, Philippe MARTIN, et les deux Ministres d’Europe Ecologie Les Verts, Cécile DUFLOT et Pascal CANFIN, où il est écrit que dans cette « crise du sens » que nous traversons « les OGM […] permettent à certaines industries de garantir leurs perspectives financières mais peuvent par le seul déploiement mettre en péril l’ensemble des autres activités humaines qui les entourent. » On peut également lire dans ce texte des phrases pleines de sens : « La responsabilité du pouvoir politique est immense. […] Il ne dépend que de nous de saisir les nouvelles opportunités du XXIe siècle. Elles exigent une transformation profonde de notre système de production mais aussi de notre système de pensée. »

On aimerait applaudir… Malheureusement, ce sont bien trop souvent les intérêts industriels qui l’emportent et, de ce fait, pour les OGM comme pour tant d’autres problématiques, « notre démocratie est en danger » : dans une tribune non publiée par les médias français, de nombreuses organisations dénoncent la réduction de la question des OGM « à la partie strictement technique, alors même qu’il s’agit d’une question de société. La contestation du bien-fondé d’une autorisation se trouve donc obligatoirement formulée en termes techniques, appuyés par des données scientifiques. Ainsi, pour pouvoir prendre un moratoire interdisant la culture en France du MON810 autorisé par la Commission européenne, le gouvernement français doit limiter son argumentaire à des éléments techniques […]. Non seulement le citoyen est privé de fait de son droit à la démocratie mais les gouvernements eux-mêmes sont privés de leur exercice politique par les firmes semencières ! »

« A l’heure où la domination se propose,
à coups d’expérimentations génétiques aveugles,
de refermer sur l’humanité sa prison technologique et d’en jeter la clef... »
Et d’en jeter la clef : ces mots de René Riesel expriment parfaitement
la raison pour laquelle la dispersion actuelle des OGM dans la nature
nous inspire un tel sentiment de révolte et d’horreur.
Tout en faisant semblant de souhaiter un grand débat national,
les pouvoirs publics sont en train de laisser commettre l’irréparable.
Et cela, aux yeux de tous ;
mais en essayant d’escamoter l’opération derrière un feu d’artifices rhétoriques
- artifices souvent dérisoires et peu convaincants, mais,
le précédent de la vache folle le montre, l’essentiel est de meubler
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à dire d’autre, à la face du monde en colère,
que : « Oups... Désolés. »

Mona CHOLLET, septembre 2001, Périphéries

Europe

En juillet dernier, Monsanto annonçait renoncer à la culture des plantes OGM en Europe, à l’exception du maïs MON810. Non seulement la mise en pratique tarde à venir mais de surcroît toutes ces belles promesses ne seront sans doute pas tenues….
Monsanto est une firme très habile qui tente d’imposer ses règles par tous les moyens tout en faisant croire au bien-fondé de son action dans le monde. L’Accord de Partenariat Transpacifique (PTP en anglais) en est un excellent exemple… Une des perles de cet Accord, s’il passe, sera que les règles de passation des marchés publics interdiront « toute discrimination basée sur la qualité de la production. Ceci signifie que des programmes publics qui favorisent l’utilisation d’une alimentation durable, biologique ou produite localement, pour les cantines scolaires pourraient être interdits ».

René Riesel a de très belles pages
sur cette imposture qui veut nous faire prendre pour de la connaissance
ce qui est sa négation même :
« On invoque encore, pour justifier l’acharnement technologique,
l’atavique et insatiable curiosité humaine,
ou encore le goût non moins ancré en l’homme de l’aventure,
de la nouveauté, de la variété, etc.
En réalité, pour tout individu sensé,
c’est-à-dire qui n’a pas renoncé à l’usage raisonné de ses sens,
il n’y a rien qui puisse satisfaire ou même éveiller la curiosité
dans cette entreprise de simplification qui ne procède jamais que par la dévitalisation,
la stérilisation méthodique :
on ne sort jamais du laboratoire, on l’étend à tout »
Mona CHOLLET, septembre 2001, Périphéries

Monde

L’Office de l’Environnement suisse a donné le feu vert à l’université de Zurich pour « cultiver à titre expérimental en plein champ du blé dont la résistance à l’oïdium a été améliorée par modification génétique. »
Quand toutes les plantes et tous les virus seront devenus génétiquement modifiés (sciemment ou par contamination, comme la luzerne américaine par exemple), pour parfaire le système nous n’aurons plus qu’à modifier les humains, les animaux et les abeilles pour qu’ils s’adaptent (c’est déjà en train d’arriver pour les abeilles…). La boucle sera bouclée et nous n’aurons qu’à revenir au commencement de tous les problèmes (problèmes qui reviennent par l’autre côté de la médaille : la résistance des organismes visés, comme celle du papillon Busseola fusca devenu par endroits résistant en une seule génération à la toxine produite par le maïs Bt, résistance dont le caractère dominant est plus qu’inquiétant) !

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Lettre d’information de novembre 2013