Une conférence de Geneviève Codou-David à Pouilly-en-Auxois
Les OGM ne cessent de faire débat et, dès la prononciation du sigle, ils soulèvent dans l’opinion publique, des inquiétudes et des interrogations légitimes que les citoyens ne manquent pas d’exprimer. " La ronde du pays d’Auxois", association pour la défense du cadre de vie d’une des plus belles régions de France, qui se veut être à l’écoute et participer à la vie publique, organisait, samedi 20 novembre à Pouilly-en-Auxois, une conférence-débat animée par Geneviève Codou-David, membre du collectif 21 "Action citoyenne OGM".
L’approche sur les enjeux alimentaires, agricoles, économiques, philosophiques et sur les risques sanitaires, environnementaux des OGM, se voulait impartiale et accessible à tous.
Geneviève Codou-David est une pédagogue … et pour cause, elle est professeur en Biologie-Ecologie au LEGTA de Dijon-Quetigny. Elle enseigne dans les classes préparatoires ENSA, ENV et BTS"Technologies végétales". Son exposé, fruit d’un travail intelligent d’analyse scientifique, s’appuie sur un diaporama réalisé en 2006 qu’elle réactualisa. Les choses dans ce domaine évoluent très vite aussi bien sur le plan technique que sur le plan politique.
Le public d’abord a bénéficié d’un peu d’histoire : avant l’émergence des biotechnologies, l’amélioration génétique des graines s’est faite par sélection variétale qui n’est autre qu’une reproduction sexuée de deux plantes. Depuis le début de la paysannerie dans le monde, une grande richesse de variétés s’est développée. Les plantes ont pu ainsi naturellement s’adapter aux conditions du milieu et tolérer les variations climatiques. Ensuite la génétique a bouleversé la sélection traditionnelle avec les biotechnologies type culture in vitro et la fabrication des OGM.
L’exposé de l’auteur présenta alors un cours technique illustré de croquis explicites sur les différentes étapes de la création d’un OGM. C’est le professeur que l’on écoute, et qui, (sans gène !) nous entraîne dans la transgénèse. Mais surtout pas d’amalgame et Geneviève Codou-David insiste : il ne faut pas confondre les OGM confinés en laboratoire qui sont essentiellement des microorganismes utilisés à des fins de recherche ou pour élaborer des médicaments (insuline) ou des additifs alimentaires et les plantes génétiquement modifiées (PGM) qui sont destinées à être cultivées en plein champ, commercialisées et consommées. Il ne faut pas confondre aussi les plantes OGM qui font l’objet de recherches et d’expérimentation en plein champ et les plantes OGM cultivées à grande échelle, commercialisées et consommées. D’autres techniques de biotechnologie sont utilisées pour la fabrication des OGM comme la mutagénèse qui amènent à parler d’OGM cachés. Mais quelque soit les techniques, se pose la question éthique de la brevetabilité du vivant.
Geneviève Codou- David nous mène habilement du laboratoire au champ. Elle signale les essais d’expérimentation effectués sans tenir compte de l’impact environnemental et que les faucheurs volontaires ont dénoncés par leurs actions médiatiques. La culture de ces plantes génétiquement modifiées comme le maïs Monsanto Bt 810 est actuellement interdite en France. Cependant, les demandes d’autorisations de commercialisation et d’utilisation des PGM ne cessent d’augmenter dans les domaines de l’alimentation humaine, animale ainsi que pour les cultures. Par son exposé, Geneviève Codou-David nous montre que les surfaces cultivées de PGM dans le monde représentent 134 millions d’hectares soit 9% des terres arables. En raison des moratoires imposés dans certains pays, l’Union Européenne ne compte que 0,09 millions d’hectares de terres cultivées en PGM. Geneviève Codou-David nous indique aussi les chiffres qui classent les principaux pays producteurs de PGM ainsi que les pourcentages des principales PGM cultivées à savoir le soja, le maïs, le coton et le colza.
Un chapitre important porte sur les gènes transférés qui sont les gènes de tolérance à certains herbicides et les gènes de résistance à certains insectes ravageurs comme par exemple la production d’un insecticide issu du Bte (Bacille de Thuringe) pour le maïs et le coton. Certaines PGM peuvent tolérer ou résister aux herbicides et produire elles-mêmes un insecticide, d’autres sont même conçues pour résister à un virus.
Ce travail de sélection des plantes qui se fait secrètement dans des laboratoires de biologie où officient chimistes, scientifiques, techniciens, prive les paysans de la liberté de sélectionner ou de replanter eux-mêmes leurs propres semences. Les paysans sont donc contraints d’utiliser une technique qu’ils ne maîtrisent pas ! La conférence se poursuit ainsi sur les risques économiques et sociaux, (dépendance des agriculteurs, pouvoir absolu de quelques firmes, mainmise sur les ressources vivrières mondiales…) et les risques agronomiques et environnementaux (adventices résistances aux herbicides, flux de pollen incontrôlables, contamination par le sol, coexistence impossible des PGM et de l’agriculture biologique). L’absence d’études épidémiologiques scientifiques à long terme et à grande échelle sur les risques toxicologiques ne peut que susciter la méfiance des consommateurs échaudés par les crises sanitaires comme celle de la vache folle ou de l’amiante. La réglementation définie par l’Union Européenne concernant les autorisations commerciales, les règles d’évaluation, d’étiquetage et de traçabilité ne prêtent pas non plus à un mouvement d’optimisme général chez les citoyens. Geneviève Codou-David les invite d’ailleurs et surtout à se poser la question : quels risques pour quels avantages ?
Les habitants ce petit village de l’Auxois ont ainsi pu appréhender la problématique des OGM et les nombreuses interrogations qui en découlent. Les OGM sont-ils utiles ? Dans cette région où les vaches mangent encore de l’herbe, la question n’est pas restée sans réponse …