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Environnement plus sain, bénéfices sanitaires, emploi accru… l’agriculture biologique présente de nombreux avantages économiques par rapport à la conventionnelle, selon une étude rendue publique vendredi 25 novembre au ministère de l’agriculture. Des bénéfices dont certains peuvent d’ores et déjà être chiffrés.
En un sens, l’étude menée par l’Institut technique de l’agriculture biologique (ITAB), avec l’appui de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), constitue presque un miroir de celle publiée en mars par deux chercheurs de l’Inra. Dans celle-ci, il s’agissait d’évaluer les externalités négatives des pesticides ; dans la nouvelle, de quantifier les externalités positives du bio.
A une nuance près : le bio ne se limite pas qu’à la question, certes centrale, des pesticides. Il implique aussi les sujets des fertilisants, des antibiotiques ou de la manière de travailler les sols. Mais sans grand suspense, l’avantage va là aussi, le plus souvent, au bio, révèle le rapport remis en octobre au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll, rendu public ce vendredi 25 novembre.
Eau, biodiversité, air, etc.
S’inspirant de précédents travaux, les auteurs de l’étude avancent même quelques chiffres pour plusieurs externalités –qui sont les effets non pris en compte par le marché. Le plus facile à chiffrer s’avère être la moindre pollution des eaux par les pesticides et/ou le nitrate.
En zones de grandes cultures (hors zone de captage), l’économie serait de 20 à 40 euros/hectare, voire de 49 à 309 euros/hectare en zone de captage. Des économies liées au traitement de l’eau, à l’achat d’eau en bouteilles par les ménages, au nettoyage des littoraux et aux pertes financières liées à l’eutrophisation.
Pour les effets des pesticides sur la biodiversité, une étude américaine datant des années 1990, donc peu extrapolable à la situation française actuelle, livre une estimation de 43 à 78 euros par hectare, rien que pour les poissons et les oiseaux. Aucune donnée n’est en revanche disponible pour les mammifères, les invertébrés et la flore, tous fortement affectés par les pesticides chimiques.
Côté pollinisation, les chercheurs évoquent un coût de 3,5 à 48 euros par hectare et par an. Un montant très théorique, puisqu’il ne concerne que les grandes cultures, dont peu sont dépendantes de la présence de pollinisateurs. Plus réaliste, les cultures qui lui sont très redevables, dont les arbres fruitiers, pourraient connaître un surcoût de 300 euros par hectare et par an, qui correspond au coût de la location de ruches par les arboriculteurs.
Plus d’emploi dans le bio
Egalement « chiffrable », l’emploi, favorisé par l’agriculture biologique : selon les auteurs du rapport, le bio créerait des emplois à hauteur de 10 à 18 euros par hectare et par an, en tenant compte du coût d’un chômeur pour la collectivité. Il pourrait même constituer une solution de repli pour les agriculteurs conventionnels en difficulté, et favoriser leur maintien en activité.
Par ailleurs, le bio présente des synergies avec d’autres secteurs créateurs d’emploi, dont le tourisme. Le rapport évoque toutefois des effets négatifs, notamment en amont (production de pesticides et d’engrais) et en aval (filières longues de transformation et de distribution des produits), difficiles à quantifier.
Dans d’autres domaines, il demeure très difficile de chiffrer les externalités de l’agriculture biologique, mais elles semblent nettement en sa faveur. Notamment sur la séquestration de carbone dans les sols, la pollution de l’air, les émissions de gaz à effet de serre –bien moins de protoxyde d’azote (N2O) émis en l’absence d’engrais minéraux azotés.
Un net bienfait sanitaire
Egalement complexe à chiffrer, la question sanitaire : rien que pour les cancers liés aux pesticides, les auteurs avancent le chiffre de 52 à 262 euros par hectare et par an -ce qui laisse de côté toutes les autres maladies liées aux pesticides. Se pose aussi la question de l’antibiorésistance –les antibiotiques sont bien moins utilisés dans le bio-, voire celle de la meilleure qualité nutritionnelle des produits bio –des travaux ont montré qu’ils étaient plus riches en anti-oxydants.
Seul aspect où l’agriculture biologique est en-deçà de la conventionnelle, la question des ressources foncières : du fait de moindres rendements (relativisés par certains travaux), le bio serait plus consommateur de terres, à même niveau de production. Le sujet demeure toutefois à creuser de manière plus globale, notamment en regard du fort gaspillage lié aux circuits longs.
Dans un avis adopté mercredi, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) préconise une transition vers l’agro-écologie, détaillant plusieurs leviers pour cela : formation et accompagnement des agriculteurs, sensibilisation de la population, réorientation de la recherche et développement (R&D) en agriculture, politiques publiques favorisant cette transition.