La réglementation qui définit les conditions d’utilisation des produits phytosanitaires va faire l’objet d’une révision d’ici la fin de l’année notamment la partie concernant l’agriculture bio. Une réforme qui fait débat.
A partir du 6 janvier prochain, la réglementation européenne concernant l’application des produits phytosanitaires en France arrive à son terme. La Commission, le Parlement et le Conseil européen se réunissent, en ce moment, à huis clos pour établir un nouveau règlement d’ici la fin de l’année. Cette nouvelle réforme inquiète les associations environnementales.Il y a peu de temps encore, l’Europe avait envisagé d’assouplir ses critères pour l’obtention d’un label bio. L’agriculture biologique risque de perdre la qualité sanitaire et l’intégrité de ses produit. Un marché du bio qui risque d’être contestée tandis qu’elle connaît une forte progression depuis quelques années.
Vers une réglementation plus indulgente ?
Adoptée en 2007, la réglementation sur les OGM et pesticides proposée par la député européen, Christine Lagarde, autorise la présence de ces derniers à hauteur de 0,9% dans les produits bio. On estime qu’en dessous de 1%, la présence d’OGM et pesticides n’est que sous forme de traces. Aujourd’hui encore, les produits labellisés biologiques respectent, tous sans exception, cette réglementation.
Pourtant, une nouvelle réglementation sur l’utilisation des produits phytosanitaires risque de bouleverser l’avenir de l’agriculture biologique. Les institutions européennes s’interrogent sur l’éventuelle instauration d’un seuil de produits non autorisés (OGM et pesticides) qui aujourd’hui, pourtant, fait perdre la certification bio d’un produit. Une question qui vient heurter les pratiques de l’agriculture biologique et provoquer de virulentes réactions au sein des associations environnementales.
Un label qui perdrait la confiance des consommateurs
La certification d’un produit par un label bio est pourtant l’une des raisons pour lesquelles le consommateur achète ce type de produit garanti sans résidus de substances toxiques pour sa santé et pour l’environnement. Pour la Commission européenne, la présence, même faible, de pesticides dans les produits bio ternit la crédibilité du label bio réduit les garanties des consommateurs. Elle propose de fixer un seuil similaire à celui en vigueur dans l’alimentation pour bébé, soit de 0,01 mg/kg de pesticides. Une proposition refusée par le Parlement. La Fédération Inter-environnement de Wallonie (IEW) en Belgique accuse le Parlement d’affaiblir le cahier des charges européen et de se diriger vers “une agriculture biologique très peu ambitieuse”.
Certains géants du bio - comme l’Espagne et l’Allemagne - s’opposent à cette proposition qui pourrait faire perdre la valeur des labels bio et la confiance des consommateurs. Les associations environnementales prônent une réglementation plus protectrice de la santé que la précédente. Un compromis doit être établi entre les acteurs du bio et les institutions sans que le seuil de pesticides ne compromette la filière bio.
Prendre en compte les avancées technologiques
Pour les défenseurs de l’environnement, l’idéal serait d’améliorer les critères de cette prochaine réglementation, tout en prenant compte des avancés technologiques sur le sujet. “Le contexte a beaucoup évolué en dix ans. On connaît beaucoup mieux les niveaux de contamination aux produits phytosanitaires.” relève Gilles Huet, le délégué général de l’association Eaux et Rivières de Bretagne, dans un entretien pour Reporterre. Selon lui, “on ne peut pas réguler les pesticides aujourd’hui comme en 2006.” Il faut alors trouver une solution pour améliorer la réglementation européenne mais avec un cadre précis. Pour Philippe Thomazo, directeur général de l’organisme de certification Ecocert : “ Un des moyens de tuer la bio, c’est de la rendre tellement stricte qu’elle devient inapplicable.”