La pollution par les pesticides augmente dans le val de saône
…et nous sommes encore loin de la vérité !
Février 2012
Le rapport de l’ONEMA comme les analyses les plus récentes de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée (1) sont sans appel : non seulement la contamination des eaux superficielles et souterraines persiste mais elle a tendance à augmenter. Ces résultats sont bien entendu à mettre en corrélation avec des analyses et recherches plus fréquentes, sous la pression des consommateurs.
Cependant, nos possibilités de mise en évidence et de quantification précise des substances polluantes (PCB, pesticides, HAP, métaux, médicaments, etc.) sont toujours en décalage par rapport aux pollutions réelles. Il y a toujours un temps de latence entre le moment où l’on sait qu’une substance dangereuse est sans doute présente dans l’eau, l’air, le sol, les aliments, et celui où l’on dispose de la technique pour l’identifier. Il reste ensuite à avoir la volonté politique pour rechercher cette substance, molécule, pour la quantifier, informer les populations concernées…et trouver l’argent pour le faire.
Après, et si ce processus est enclenché, combien faudra-t-il de temps avant qu’il existe une « norme » réglementaire (européenne puis française) sachant que cette norme relève d’un compromis politique avec les intérêts financiers des lobbies pollueurs ?
Normes et lois qui seront ensuite longtemps et largement ignorées, non respectées. Sans véritables sanctions car sans volonté réelle de l’Etat de les faire appliquer.
Pendant ce temps, il y aura une croissance exponentielle des nouvelles molécules mises sur le marché, dont on ignore encore les effets (croisés, cumulés,…) sur la santé, la biodiversité. Seule une partie infime sera réglementée a postériori, au fur et à mesure qu’éclateront les scandales levés par des « lanceurs d’alerte », scientifiques ou associatifs. Que l’on cherche à faire taire. Nous savons peu de choses des effets sur la santé des OGM, des nanotechnologies,…
Pendant ce temps, les toxiques s’accumulent dans l’eau, l’air, les sols, dans l’alimentation et dans le corps humain.
(1) ONEMA : Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques - document d’août 2010 ; données obtenues avec le concours de la banque nationale des données sur l’eau, le Système d’Information sur l’eau, le Schéma National des Données sur l’Eau (SNDE) et les Agences de Bassin. Site agence de l’eau : www.eaurmc.fr
Dossier à paraître bientôt :
Communiqué
La bactérie « mystérieuse » contaminant la DHEUNE :
l’arrêté préfectoral ne répond pas aux inquiétudes de la CAPEN
7 mars 2012
« Des patates pourries et des agriculteurs avertis des restrictions de l’usage des cours d’eau… » nous informe le JSL du samedi 25 février. On y apprend également l’existence de 2 arrêtés préfectoraux (1) et que le service régional de l’alimentation « (…) n’a pas d’explication sur l’origine première de la bactérie en Saône & Loire ».
La CAPEN a cherché à en savoir plus. L’identification de la bactérie « Ralstonia solanacearum de race 3 » fournit déjà des pistes de recherche et de précautions à prendre :
« La dissémination des bactéries dans la nature est généralement lente. Cependant, la race 3 peut facilement être disséminée par les eaux de surface en présence de solanum ducamara (morelle douce-amère) qui joue le rôle de plante - réservoir permettant à la bactérie de survivre pendant les périodes hivernales puis de proliférer en période estivale. Ces eaux contaminées peuvent propager l’infection par le biais de l’irrigation, et dans une moindre mesure, par des pulvérisations de pesticides ou encore par la submersion des parcelles de pommes de terre. L’apparition de nouvelles contaminations est le plus fréquemment liée à l’introduction de plans porteurs du pathogène à l’état latent. »
On apprend également que cette bactérie a été classée comme un agent de sélection dans la loi sur le bioterrorisme agricole en 2002, considérée comme une arme potentielle ! Qu’elle peut attaquer près de 200 espèces de plantes (pomme de terre, mais aussi haricots, betteraves, tomates etc..).
Les associations connaissent bien ce secteur du bassin versant de la DHEUNE. Elles ne manquent donc pas de faire la relation avec l’arrosage, le drainage et l’irrigation intensive en amont du lieu de la « découverte » (ST LOUP GEANGES), notamment en bordure immédiate de la DHEUNE sur une surface importante cultivée certaines années en haricots pour DAUCY. Deux versants sont concernés par cette pratique d’arrosage :
- au Nord, coule la Dheune le long de laquelle sont abondamment utilisés des pesticides (on peut même ramasser les bidons dans les fossés !). Les cultures y ont remplacé les prairies.
- au Sud, il y a des étangs (comme celui de Baignant), qui recueille les eaux de ruissellement et d’infiltration qui rejoignent la Saône à Raconnay. Il conviendrait donc de s’interroger sur la contamination potentielle en aval.
Pourquoi la population n’est-elle pas mieux et davantage informée ? Il n’y a pas que l’impact économique sur la production agricole et maraîchère à prendre en compte, même s’il peut s’avérer particulièrement grave ? Suffit-il dès lors de déclarer son arrosage, tout en poursuivant les prélèvements, les traitements et les arrosages comme le suggère l’arrêté préfectoral ?
Il y a à l’évidence un risque sanitaire. L’eau des nappes souterraines est-elle contaminée ? A terme, les stockages domestiques d’eaux pluviales pourraient poser problème.
Ce sont bien les sols qui sont aussi contaminés, la maladie attaquant les plantes par leurs racines. Le matraquage de ces sols avec les pesticides, engrais, etc., qui en détruisent certains organismes vivants est-il de nature à aggraver la situation en déséquilibrant la composition des sols ?
Le dérèglement du climat, en tout cas, n’arrangera pas les choses : il prévoit une alternance d’hivers pluvieux et d’étés très chauds et secs, renforçant des conditions propices au développement de la bactérie.
Nous le savons désormais : la qualité des aliments est étroitement liée à celle de l’environnement qui le produit. Malgré des contrats de rivière, la Dheune et le Val de Saône sont déjà copieusement pollués.
Cette menace supplémentaire doit être prise très au sérieux.
On aimerait savoir ce qu’en pensent l’ONEMA et l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (2) qui connaissent le risque depuis 2009, ainsi que la Commission Européenne qui propose de nouvelles substances à surveiller dans les eaux de surface…
Pour la CAPEN, le Président, Thierry GROSJEAN, Contact : thierry.grosjean5@wanadoo.fr
(1) Arrêté de 2009, et nouvel arrêté du 23 février 2012 (www.saone-et-loire.equipement-agriculture.gouv.fr)
(2) Pour mieux connaître l’état de vos rivières : www.eaurmc.fr - www.onema.fr